La Renault Filante a consommé près de 8 kWh aux 100 km

Renault signe un nouvel exploit technologique avec son prototype Filante, un laboratoire roulant entièrement dédié à l’efficience électrique et non aux recors de vitesse comme la 40CV des années 30 ou l'Etoile Filante dont elle s'inspire pourtant.
Par le 26/12/2025

Pensée bien plus comme une machine à battre des records que comme une future voiture de série, elle vient d’établir une marque spectaculaire en autonomie, tout en roulant à un rythme soutenu, démontrant jusqu’où peuvent aller l’aérodynamique, l’allègement et l’optimisation énergétique.

Héritière des records Renault

La Filante s’inscrit dans une longue tradition de prototypes d’efficience développés par Renault lors des grandes crises énergétiques. Dans les années 70 et 80, les expérimentales Eve, Eve+, Vesta et Vesta 2 avaient déjà réussi à faire chuter la consommation de carburant à des niveaux impressionnants, à une époque où le prix de l’essence s’envolait. Près de quarante ans plus tard, la Filante reprend ce flambeau, cette fois avec une motorisation électrique et des technologies dignes des années 2020.

Le concept puise aussi son inspiration dans l’histoire sportive de la marque. Son style évoque à la fois la 40 CV des années 20, qui avait signé plusieurs records de vitesse, et l’Étoile Filante, cette spectaculaire voiture à moteur de fusée qui avait établi un record sur le lac salé de Bonneville en 1956. À la différence de ces aînées tournées vers la vitesse pure, la nouvelle Filante déplace le défi sur le terrain de l’autonomie.

Un record d’autonomie à 100 km/h

L’objectif fixé à la Filante n’était pas de battre un chrono sur circuit, mais de parcourir 1 000 km avec une batterie comparable à celle d’un modèle de grande série. Renault a pris comme référence la capacité du Scenic électrique, soit un pack de l’ordre de 87 kWh dans sa version de série, conçue pour un peu plus de 600 km dans des conditions normales d’usage. Le défi consistait à démontrer qu’avec une optimisation extrême du véhicule, l’on pouvait dépasser largement ce cap sans multiplier la taille de la batterie.

Après une première tentative avortée en octobre en raison de la météo, le record a finalement été signé le 18 décembre sur le circuit marocain de l’UTAC. Les conditions n’avaient rien d’idéal, avec des températures comprises entre 4 °C au petit matin et seulement 13 °C en début d’après-midi, ce qui pénalise habituellement les performances des batteries. Malgré cela, la Filante a parcouru 1 008 km en moins de 10 heures, à une vitesse moyenne de 102 km/h, sans aucune recharge.

La consommation affichée sur ce run de référence a de quoi faire rêver tous les conducteurs de véhicules électriques. Le prototype s’est contenté de 7,8 kWh/100 km, un chiffre largement inférieur à celui des meilleures berlines actuelles, pourtant déjà très efficientes. Plus impressionnant encore, il restait à l’arrivée 11% de batterie, soit l’équivalent d’environ 120 km supplémentaires au même rythme.

Une technologie de rupture au service de l’efficience

Pour atteindre un tel niveau, Renault n’a évidemment pas misé sur la seule éco-conduite. La Filante est une vitrine technologique, conçue autour de la réduction maximale des pertes énergétiques et de l’allègement. Elle adopte notamment une direction et un freinage entièrement “by wire”, c’est-à-dire sans liaison mécanique, entièrement pilotés par l’électronique, une solution qui permet de gagner du poids tout en ouvrant la voie à des architectures plus modulaires.

Le prototype fait aussi largement appel à des matériaux ultra-légers. Carbone, alliages d’aluminium et pièces imprimées en 3D composent une grande partie de sa structure, là où les voitures de série restent contraintes par les coûts et la production de masse. Ces choix techniques expliquent en partie la prouesse réalisée, mais aussi pourquoi un tel niveau d’allègement reste encore difficile à généraliser.

Le moteur a été développé en collaboration avec l’entreprise française Ligier. Cette dernière a également travaillé sur les liaisons au sol et la structure carbone, montrant le caractère très pointu de ce projet. Michelin a, de son côté, fourni des pneumatiques à très faible résistance au roulement, spécialement conçus pour la Filante afin de limiter au maximum les pertes liées au contact avec la route.

Un laboratoire roulant pour les Renault de demain ?

La Filante n’a pas vocation à rejoindre directement les concessions, mais son intérêt dépasse largement le simple prestige d’un record. Ce prototype sert de laboratoire pour des technologies qui pourraient, à moyen terme, irriguer les modèles de grande série du losange. Direction et freinage “by wire”, matériaux allégés ou pneus optimisés sont autant de briques techniques susceptibles de se démocratiser progressivement.

En signant plus de 1 000 km à 100 km/h de moyenne avec une seule charge, Renault envoie un signal fort sur le potentiel des véhicules électriques si l’on agit simultanément sur l’aérodynamique, le poids et la chaîne de traction. La Filante rappelle que la course aux kWh n’est pas la seule voie de progrès, et que l’efficience restera l’un des grands champs de bataille de l’automobile des prochaines années.