La décision pour 2025 une nouvelle fois reportée
Au menu : le report ou non de l’échéance du tout électrique en 2035, l’assouplissement des normes COâ, la mise en place d’un contenu local renforcé, et la création d’une nouvelle classification pour les « e-cars », ces petites voitures électriques inspirées des kei-cars japonaises sur lesquelles poussent les constructeurs. Pourtant, selon le commissaire européen aux transports, Apostolos Tzitzikostas, ces annonces pourraient être reportées à janvier 2026. Qui est responsable de ce retard ?
Un dossier trop lourd à porter
Le « paquet automobile » européen, tant attendu par les acteurs du secteur, s’annonce comme un casse-tête administratif et politique. La Commission européenne ne peut trancher seule : toute modification de l’échéance de 2035 doit passer par le Parlement, nécessitant un vote des députés. De même, la création d’une nouvelle catégorie pour les e-cars exige des consultations techniques approfondies. Ces procédures, déjà lourdes, sont aggravées par les divergences entre les États membres.
L’Allemagne et l’Italie, par exemple, plaident pour que les véhicules hybrides puissent continuer à être produits après 2035, tandis que la France et l’Espagne insistent pour maintenir la trajectoire vers une électrification totale. Ces désaccords freinent toute avancée rapide.
Des constructeurs et équipementiers en désaccord
Les constructeurs automobiles, eux-mêmes, ne sont pas unis. Certains, comme Stellantis, poussent pour une classification spécifique des e-cars et s’allient avec des partenaires chinois, comme Leapmotor, pour développer des modèles légers et économiques. À l’inverse, Renault estime que sa Twingo, déjà conforme aux normes actuelles, n’a pas besoin d’une nouvelle réglementation, mais plutôt d’un soutien public, comme une TVA réduite, pour atteindre un prix accessible autour de 15 000 euros. Pourtant, dans le même temps, Dacia, qui a présenté un concept-car proche des key-cars, semble enclin à aller sur ce chemin. Comme quoi, la vérité et la position de chaque constructeur est plus complexe qu'il n'y parait.
Les équipementiers, quant à eux, défendent au contraire des lois et normes plus contraignantes afin de vendre davantage leurs solutions. Et jusqu'à présent, on ne peut pas dire qu'ils n'aient pas été entendus quant à la lecture de toutes les normes qui sont arrivées ces dernières années, faisant grimper la facture des voitures et des assurances.
Un contexte économique tendu
Pendant que Bruxelles temporise, l’industrie automobile européenne subit les conséquences de cette incertitude. Les usines tournent au ralenti, et les ventes de voitures chinoises, moins chères et de plus en plus compétitives, progressent rapidement. Si en France la part de voitures chinoises reste limitée, dans d'autres pays européens, chez nos voisins, ces nouveaux venus commencent à tailler des croupière à nos constructeurs historiques.
Pourquoi un report ?
Apostolos Tzitzikostas a justifié ce délai supplémentaire par la nécessité de « bien travailler » le dossier. Mais derrière cette explication officielle se cachent des réalités plus complexes : des désaccords profonds entre États, des intérêts industriels divergents, et une Commission européenne qui peine à concilier les attentes de tous.
Le report à janvier 2026 pourrait donc être une tentative de gagner du temps pour trouver un compromis acceptable. Mais dans un secteur où chaque mois compte, cette attente risque d’aggraver les tensions et d’affaiblir encore davantage la compétitivité de l’Europe face à ses concurrents.